LA VERITE SUR LA DETTE PUBLIQUE

Publié le par EXCOFFIER

 L’illusion de la baisse de la dette publique annoncée pour 2006 et 2007

 

 

 

Depuis 2002, la dette publique a crû fortement, passant de 56,3% du PIB (842,5 Mds€) à la fin 2001 à 66,6% du PIB fin 2005 (1 138,4 Mds€). Elle atteint 1151,9 milliards d’euros au troisième trimestre 2006.

 

 

Pour tenter d’améliorer ce bilan, le gouvernement a annoncé par la voix de Thierry Breton une baisse du ratio de la dette d’au moins deux points de PIB en 2006 et d’un point supplémentaire en 2007. Cette baisse, qui sera sans doute réalisée en 2006, repose essentiellement sur des artifices comptables, coûteux par ailleurs pour le contribuable. On notera d'ailleurs qu'il s'agit moins d'une baisse, que d'une vitesse d'augmentation de la dette inférieure à celle du PIB.

 

 

Avec un déficit public anticipé à 2,7% du PIB pour 2006, la dette publique ne peut évidemment pas baisser en valeur : elle augmentera d’environ 10 milliards d’euros. Si la croissance atteint au moins 2%, le part de la dette dans la richesse nationale pourrait au mieux se stabiliser : une baisse de deux points de PIB n’est pas possible avec de tels niveaux de déficit et de croissance.

 

 

Pour parvenir à une baisse « apparente », le gouvernement a décidé de :

 

  • réduire très fortement le « matelas » de trésorerie de l’Etat. Cette opération est risquée car la France est tenue de disposer d’un niveau de trésorerie positif à la fin de chaque journée. En réduisant ce matelas, le gouvernement devra palier au risque d’une trésorerie négative en émettant des billets de trésorerie à très court terme forts coûteux ;

     

  • faire acheter de la dette publique avec la trésorerie d’autres administrations publiques : la caisse de la dette publique a été utilisée pour acheter de la dette de l’Acoss pour faire baisser la dette en apparence;

     

  • procéder à des cessions de patrimoine hâtives : le gouvernement a cédé des participations dans des entreprises publiques à hauteur de 17Mds€, dont l’essentiel provenait des sociétés d’exploitation des autoroutes (environ 13Mds€). Or on sait que le prix de cession ne représentait pas la valeur actualisée des recettes de péage perdues par l’Etat, qui s’est donc de fait appauvri ;

     

  • jouer sur le calendrier pour permettre un effet d’affichage d’une baisse de la dette de l’Etat en valeur (750 millions d’€) au 31 décembre. En réalité, cette baisse résulte exclusivement du report de la hausse sur l’année suivante et du dépôt exceptionnel de la soulte de la Poste à la veille du jour d’arrêt des comptes pour la dette 2006.

     

 

La vérité éclatera en partie lorsque l'INSEE publiera les chiffres relatifs au niveau de la dette du premier trimestre 2007, c'est-à-dire le 30 juin 2007, une fois les élections passées ! En l'absence d'un véritable bilan de l'Etat, l'essentiel restera cependant caché : le fait qu'en vendant ses actifs à vil prix, l'Etat s'est en fait appauvri.

 

 

En tout état de cause, la baisse de la dette en 2007 est une illusion mensongère :  les perspectives de croissance (2%) et le déficit public affiché par le gouvernement (-2,5%) ne permettent au mieux que de stabiliser la dette en points de PIB, ce que reconnaît le gouvernement dans le rapport économique, social et financier annexé à la loi de Finances pour 2007.

 

 

Publié dans segolene

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